16/11/2013



 En ce 11 Novembre, la Nation commémore l'Armistice de 1918  et rend hommage à toutes les victimes de guerre,  anciens déportés civils et militaires,combattants et fusillés pour l'exemple.


A Marcilly , c'est sous une pluie battante  et  accompagné des musiciens de la formation " Baie Musique"  que le cortège s'est rendu à l'église pour partager un moment de recueillement et penser ensemble à  tous ceux qui ont combattu et combattent encore pour préserver la Paix dans ce monde.







M l'abbé Théault et M Trochon, Maire de Marcilly

 M Raymond Plé
Responsable des anciens combattants de Marcilly



1914 - 2014.. il y a presque 100 ans  " la grande guerre"  commençait



Elle a fait des millions de morts et d'invalides mais a aussi laissé en héritage le déshonneur et la honte à des milliers de familles, celles des "fusillés", il est temps aujourd'hui d'offrir une reconnaissance civile à ces poilus tombés sous les balles de leurs camarades juste " pour l'exemple".

Ils n'étaient pas des criminels ou des violeurs, juste des hommes , qui se sont battus et sont allés au bout de leur forces et qui, un jour, n'ont plus supporté l'horreur de cette guerre,  l'usure des assauts répétés, les attaques perdues d'avance, les ordres absurdes des officiers ( on se souvient de Lucien Bersot, exécuté pour avoir refusé de porter le pantalon maculé de sang d'un camarade mort)...




Les fusillés de 14.18 , ces fantômes de l' Histoire ont désormais un nom...

André Bach .Edition Thallandier

Un rapport remis le 1er octobre 2013 à Mr à Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants par Antoine Prost, historien et président du conseil scientifique de la Mission du Centenaire ,  pose la question de la réhabilitation des fusillés .
Sujet sensible qui a été abordé par un comité composés d’experts qui ont fait le point de l’état des connaissances sur le sujet .

Les deux-tiers des  fusillés l’ont été dans les premières semaines du conflit .



« Quelle mémoire pour les fusillés de 1914-1918 ? »

lire le rapport


En France, pendant la Première Guerre mondiale, quelque 2 400 Poilus ont été condamnés à mort et quelque 600 fusillés pour l'exemple. Les autres ont vu leur peine commuée en travaux forcés. Des condamnations prononcées pour refus d'obéissance, mutilations volontaires, désertion, abandon de poste devant l'ennemi, délit de lâcheté ou encore mutinerie (en 1917).

Aujourd'hui, on compte autour de 600 à 650 fusillés pour des faits relevant de la désobéissance militaire et, en comptant les crimes de droit commun et l'espionnage, 740 environ au total", recense ce rapport

Le rapport ne pose pas la question des victimes d'injustices avérées, "mais celle de fusillés en quelque sorte ’ordinaires’. Pas nécessairement des mutins, ni des fusillés ‘pour l'exemple’, mais des soldats qui "ont eu un jour un moment de faiblesse ou de ras-le-bol".

Selon le général André Bach, ex-chef du Service historique de l'armée de terre (Shat) de Vincennes, 66 % des exécutions ont eu lieu dans les 17 premiers mois de la guerre .

 Les trois pics d'exécutions constatés durant les 52 mois de conflit correspondent aux trois crises graves auxquelles l'armée française a dû faire face : guerre de mouvement de l'automne 14, bataille de Verdun au début de l'année 1916 et mutineries du printemps 1917 lors de l'offensive Nivelle. Le pic le plus haut se situe de septembre 1914 à octobre 1915 avec 421 exécutions, soit 63% du total de la guerre.


Ce 11 novembre  2013 revêt une émotion particulière, la reconnaissance civile de Louis LEPENANT  dont le nom est désormais inscrit sur le Monument aux Morts de la Commune.


M Gérard Lepenant, neveu de M Lepenant et M le Maire dévoilent
 le nom de Louis Lepenant
 gravé sur le monument







Louis Lepenant est né le 21 juillet 1894 à Virey, dans la Manche. Il a tout juste vingt ans à la décla­ration de guerre, le dimanche 2 août 1914.

Il est ouvrier agricole à Mar­cilly, chez M. Lebocey. Le 11 sep­tembre, il est appelé à rejoindre le 25è régiment d’infanterie à Cher­bourg. Il reçoit une brève for­mation mili­taire et rejoint le front dans la région d’Arras le 22 octobre. Il est affecté à la 2è com­pagnie, 6è section.

A sa visite d’incorporation, on signale qu’il sait lire et écrire, mesure 1,63 m, mais on ne fait pas mention d’un accident dans son ado­les­cence qui a per­turbé son psy­chisme ; pris dans un orage, il est touché par la foudre et en garde des séquelles (émotivité, peur). Sa fra­gilité, en toute conscience, devait être un sujet de réforme. A noter qu’à cette époque, on réforme moins qu’en Allemagne…il manque 200 000 hommes du côté français pour équi­librer les forces en pré­sence.

Lorsque Louis Lepenant rejoint son régiment, ce dernier a déjà payé un lourd tribut à la guerre, en par­ti­culier à la bataille de Char­leroi, le 22 août 1914 : 1740 tués, blessés ou dis­parus pour les trois régi­ments, le 25è, le 74è et le 129è d’infanterie.

Après une retraite de 250 km, il par­ticipe à la pre­mière bataille de la Marne du côté d’Epernay, entre le 13 et le 25 sep­tembre, les alle­mands ont reculé, le front est sta­bilisé.
 Le régiment va rejoindre le 2 octobre la région d’Arras et y sta­tionner jusqu’au 25 juillet 1915.
D’entrée, Louis  fait connais­sance avec la vie des tran­chées et la dureté des affron­te­ments. Il arrive en plein bataille de l’Artois.

Jusqu’au 3 juillet 1915, il va vivre dans cet enfer sans démé­riter, bien au contraire, en alternant les relèves en pre­mière ligne avec leur lot d’attaques de jour et de nuit, de bom­bar­de­ments, de courtes périodes de repos, de décrassage, de travaux de conso­li­dation des tran­chées, de corvées. Pour lui, de plus en plus, les bom­bar­de­ments res­semblent à l’orage, les 77 alle­mands aux éclairs. Sa santé se dété­riore, il devient irri­table. Le 2 juillet, il relève le 1er bataillon en pre­mière ligne.

Le bom­bar­dement est intense, le laby­rinthe devient un vrai volcan. Après 19 heures sans inter­ruption, il craque. Vers 3 heures de l’après-midi, il quitte la tranchée avec ses deux bidons et sa musette. Il laisse son fusil et son barda en disant qu’il va chercher de l’eau, il ne réap­pa­raîtra pas.

Il quitte donc la tranchée de pre­mière ligne et va vers l’arrière, à quelques kilo­mètres. Il erre quelques jours et s’embauche dans une ferme pour les bat­tages en com­pagnie d’autres soldats, il se recherche, prend sans doute conscience de sa défaillance, en parle à d’autres, ses propos sont contra­dic­toires. Il sou­haite retrouver son régiment mais ne sait comment faire. Il avoue être déserteur, cela le libère en quelque sorte, il est dénoncé, la gen­dar­merie l’arrête le 3 octobre, soit 3 mois exac­tement après son abandon de poste. Il est rac­com­pagné à son régiment où il doit être conduit en prison et jugé.
Entre temps, son régiment a fait mou­vement, le 31 juillet, le 25è régiment d’infanterie a été retiré du front de l’Artois pour un long voyage en Cham­pagne, c’est la pré­pa­ration de la 2è bataille de la Marne.

C’est donc à Moi­remont que se trouve son régiment lorsqu’il est jugé, le 9 décembre 1915. Son « procès » se déroule en pré­sence du colonel Diberder et 3 juges, le capi­taine Dubois du 47è régiment d’infanterie, Lejariel, lieu­tenant au 13è hussard et Riou du 13è hussard également. Pour sa défense, pas d’avocat, sinon un dénommé Leclerc, soldat bran­cardier à la 20è division d’infanterie.

Au cours de son inter­ro­ga­toire, il reconnaît ses torts : « j’étais à moitié fou, j’avais peur ». A l’issue du jugement, il est condamné à l’unanimité des voix à la peine de mort pour abandon de poste, et l’état le condamne à 12 francs d’amende pour frais de pro­cédure !!!


Le ven­dredi 10 décembre 1915, à 7 heures du matin, il est fusillé à Moi­remont route de Chan­vreulles.



Aujourd’hui, Louis Lepenant repose pour l’éternité à la nécropole de Florent en Argonne
 sous le numéro 1758.
  

M Trochon Maire de Marcilly



 M Raymond Plé
Responsable des Anciens Combattants de Marcilly,
 et  
M Michel Delahaye
 Président d'Honneur des ACPG-CATM,

 préparent la remise de médaille à M. Garnier.
 


M Garnier et M Delahaye

               

 Le dépôt de gerbes


Gérard Lepenant  et  Jean Pierre Ménage



                                                               Marie ANFRAY

Michel Coupard

Un grand merci à Michel Coupard qui a instruit, étudié et présenté le dossier devant le conseil municipal, qui a donné son aval à l'unanimité pour inscrire le nom de Louis Lepenant sur le monument comme le demandait la famille.


Après les émouvants discours,Gérard Trochon a accueilli tout le monde à la salle de convivialité  

  discours de M Le Maire :


" Mesdames, Messieurs

Je serai très bref pour ne pas abuser de votre temps.

Mais je tenais à formuler mes plus chaleureux remerciements aux
-    Autorités civiles, militaires et religieuse,
-    Ainsi que vous tous qui avez également répondu favorablement à notre invitation sans oublier l’ensemble du Conseil Municipal et le personnel communal.

Je dois aussi excuser :
Madame DULAMON, Sous-Préfet, retenue par la cérémonie à Avranches fixée à la même heure,
M. HUET, Député, représenté par M. DELAUNAY, Attaché parlementaire
Mme NOUVEL qui me charge de transmettre « ses sentiments les plus respectueux aux anciens combattants pour leur engagement et leur dévouement »,
M. Maurice ORVAIN,
M. Christian LODIEL,
Le capitaine HUET représenté par l’Adjudant TEXIER,
M. Guy TROCHON,
Mme BIHAN POUDEC, retenue pour des raisons familiales,
M. GAZENGEL, M. COURANT

Et pour clôturer cette cérémonie d’hommages, je vais m’adresser et me tourner vers Louis ANFRAY, notre graveur.


Louis ANFRAY est le fils de Louis ANFRAY, ancien conseiller municipal de MARCILLY, ici présent,
C’est cet « enfant » du pays que l’on doit remercier pour avoir entrepris, bénévolement, la gravure du nom de Louis LEPENANT 1914-1918 sur le monument aux morts.
Louis ANFRAY, fils, est graveur sur pierre depuis 1986, il travaille chez PLESSIS, Pompes Funèbres Marbrerie de ST LO.
Louis est une personne passionnée par son métier.
Je tiens au nom du Conseil Municipal à lui formuler toute notre gratitude.
Et maintenant je vous convie, à signer le registre qui relate cette cérémonie et à prendre, tous ensemble, le verre de l’amitié."






M Delahaye Michel
 Président d'honneur de Zone Sud des ACPG-CATM-TOE
 Président de l'UDAC Zone Sud Manche 
et
M Trochon Gérard
Maire de Marcilly 


les descendants de M Louis Lepenant


Beaucoup d'émotion pour cet hommage à Louis Lepenant et à toutes les victimes de guerre.




http://basse-normandie.france3.fr/2013/11/11/marcilly-fusille-pour-l-exemple-et-mort-pour-la-france-355535.html
le reportage de France 3


le discours de Michel Coupard



Un grand merci à M Louis Anfray Fils qui a  réalisé gracieusement  la gravure sur le monument

Mrs Louis Anfray Père et Fils entourant la secrétaire de Mairie


Gravure sur le monument le 01/08/2013



Le 1er août 2013 Louis ANFRAY, fils de Louis ANFRAY, ancien conseiller municipal 
de MARCILLY, a entrepris, bénévolement, la gravure du nom de Louis LEPENANT
 1914-1918 sur le monument.
Louis ANFRAY, fils, est graveur sur pierre depuis 1986, il travaille chez PLESSIS, Pompes Funèbres Marbrerie de ST LO, il a proposé ses services au sein de la Commune.
Louis, passionné par son métier, explique et détaille sa façon de procéder :
-    Je trace au crayon gras
-    Je raye les lettres
-    Je grave à l’aide d’un gravelet et d’une massette
-    Je peins (peinture noire sur du granit brut)





Sources :
M. et Mme Menage-​​Lepenant et  la commune de Florent en Argonne.


Photos :
Michel Coupard
Jacqueline Cahu
Hélène Esnouf








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